Wolfen a écrit :
« ... c'est vrai que la conduite en solo est totalement différente de l'attelage, tout du moins, c'est ce que me disent tous les potes qui roulent attelé !! J'envisage de plus en plus cette alternative, mais on m'a toujours fait un peu peur, concernant la conduite d'un side, en me disant que ce n'était pas pour moi, trop dangereux, (peut-être étais-je un peu trop fou lorsque j'étais plus jeune, (lol), JM comment avais tu appris à conduire ton attelage, direct sur le tas ou avec les conseils side-cariste ? »
Comme tu as pu le lire dans le sujet dédié aux rehausses de guidon, je ne suis pas très lourd. Pour piloter un side-car, il n’y a pas besoin d’avoir de gros biceps. Lors d’un rassemblement, j’ai vu une femme, plutôt menue, piloter la moto, son mari en passager arrière et le fils dans le side. En fait, c’est de la technique. Lorsque tu as assimilé les réactions de l’attelage, ça va tout seul.
Lorsque j’ai pris possession du mien chez l’artisan dans les Vosges, il m’a dit : « mon bon monsieur, je vous emmène sur le parking du supermarché du coin. Vous allez faire des ronds et des 8 et vous ne partirez pas avant de savoir les faire ». Il était environ 15 heures. J’avais encore de la route à faire et voulais rentrer avant la nuit. Je me suis donc appliqué.
Le side étant à droite, les ronds à gauche ne posent pas de souci, l’ensemble venant prendre appui sur la roue du side.
En revanche, les ronds à droite doivent être maîtrisés. Les faire à vitesse très réduite, cela ne pose pas non plus de problème. Mais dès que la vitesse augmente, le side à tendance à se lever. Il faut donc sentir le moment où la roue quitte le sol pour ne pas être surpris et ne pas faire de manœuvre dangereuse en braquant brutalement à gauche. Au début, le mieux est de lester le side. J’avoue que mes premiers ronds à droite étaient scabreux. Lorsque le side se levait, j’avais tendance à piler. Il retombait brutalement. Petit à petit, mes sensations devenaient plus précises. Au moment où la roue quittait le sol, je braquais légèrement à gauche pour le reposer délicatement.
Puis je faisais les 8. Dans ce cas, tu tournes successivement à droite et à gauche, c'est-à-dire tantôt en appui sur le side, tantôt sur la moto. Tu perçois les réactions de l’attelage dans la continuité du pilotage. Au bout de deux heures, je faisais ces 8 de plus en plus vite et anticipais les réactions de l’ensemble.
Pourquoi ces exercices ? Non pas pour faire des ronds et des 8, mais pour connaître les réactions de l’attelage lorsque, en conduite normale, au bout d’une ligne droite, tu négocies un virage à droite ou à gauche, ou tu les prends en enfilade.
Mon artisan m’avait donné quelques conseils très utiles à connaître :
Piloter un side de route sur une longue distance n’est pas une sinécure, surtout lorsqu’il est chargé : passager(s) et bagages. Il n’est pas question de se pencher dans les virages comme une moto solo. Il faut tout le temps agir sur le guidon. Pour soulager le pilote, notamment sur des routes sinueuses, deux astuces :
1) pour prendre un virage à droite : il faut arriver à une vitesse qui, dès l’entrée du virage, permette d’accélérer afin que la manœuvre se fasse en accélération. La moto ira plus vite que le side qu’elle doit entraîner. Le mouvement vers la droite se fera plus facilement et l’effort sur le guidon sera réduit d’autant ;
2) pour prendre un virage à gauche, c’est l’inverse : il faut arriver à une vitesse qui, dès l’entrée du virage, permette de le prendre en décélération. Dès lors, la moto ralentit, le side aura tendance à vouloir dépasser la moto et le mouvement à gauche en sera facilité.
Evidemment, il faut adapter sa conduite à la topographie des lieux et aux circonstances du moment, c’est-à-dire, dans certains cas, rouler moins vite que les limitations de vitesse l’autorisent. Ces astuces ne sont donc pas toujours applicables. L’effort musculaire du pilote sera alors davantage sollicité.
Le dernier point concerne le freinage d’urgence dans une courbe à gauche. Je parle pour mon attelage dont la moto a conservé la fourche d’origine dont le débattement est assez important. Lorsque tu entres vite dans un virage à gauche et que tu doives faire un freinage d’urgence, il faut éviter de freiner brutalement de l’avant. La moto a tendance à s’abaisser et la force centrifuge à te tirer hors de la route. Le side peut piquer du nez. Il me semble qu’avec une fourche à balancier, la moto ne s’enfonce pas à l’avant lors du freinage. A préciser par ceux qui pratiquent. Il reste tout de même l’effet centrifuge. En 24 ans de pratique, je n’ai jamais connu de situation dangereuse par rapport à cela.
J’ai fait de milliers de kilomètres en side. Pour ne citer qu’un exemple : lorsque nos enfants étaient petits, nous avons visité Berlin durant une semaine, juste après la chute du mur. Mon épouse et moi sur la moto, les deux enfants dans le side et le coffre (400 litres) rempli de bagages.
Les enfants ont grandi. Le fait d’avoir partagé la moto avec eux à travers le side fait que chacun pratique la moto de son côté. Aujourd’hui, mon épouse prend place dans le side. Dans quelques années, ce sera notre petite fille. Elle y trouvera probablement les mêmes plaisirs que sa maman. La boucle sera alors bouclée !
Wolfen, si d’autres son capables de piloter un side, tu es capable de le faire. A l’époque, il n’y avait pas de stage de pilotage. Après avoir fait les ronds et les 8, j’ai acquis l’expérience au fil des kilomètres. Tant que je ne connaissais pas précisément les réactions de l’attelage dans toutes les configurations possibles (à vide, avec un passager, en pleine charge…), je suis resté humble et très modeste. Aujourd’hui, je pilote plutôt par instinct et réflexes.
Je pense qu’un stage d’initiation est une bonne chose. Je n’en connais pas le contenu. S’il te met en situation, c’est bien ! Le moniteur peut t’expliquer en temps réel. Ce n’est pas négligeable. Lorsque j’avais fini ma formation sommaire sur le parking du supermarché, j’étais livré à moi-même ! Si, à l’occasion d’un de ces stages, tu peux t’initier sur le side du formateur, c’est encore mieux. Si tu vois que ce n’est pas ton truc, tu peux t’orienter vers autre chose.
Voici ce que je pouvais te livrer comme informations. Je ne regrette pas mon acquisition qui date tout de même de 1991. Je ne m’en suis jamais séparé. L’âge avançant, madame préfère parfois être dans le side plutôt que sur le siège passager de la moto solo. La capacité d’emport n’est pas négligeable, surtout en matière de garde robe ! Notre dernière longue sortie remonte au week-end de l’Ascension, à Chinon : 1700 km sur 4 jours.
A l’époque, je ne m’étais pas posé la question si je savais ou pas piloter un side-car. Je m’étais dit que d’autres y parvenaient, alors pourquoi pas moi ! Basculer dans ce monde relève de ta décision personnelle. Certes, ce n’est pas le plus facile !
GTRistement
JM